Bilan 2024 et perspectives 2025
L’année 2024 n’a pas manqué de rebondissements, tant sur les sujets économiques et financiers que politiques et géopolitiques : politique monétaire, élections, résultats économiques…etc. Revenons sur les évènements qui ont animé l’année 2024 et les enjeux qui en découlent pour l’exercice 2025.
2024, une année de baisse de taux…
Sur le plan monétaire tout d’abord, l’année 2024 a été marquée – enfin – par un pivot dans le cycle de taux des banques centrales, européenne et américaine, qui ont respectivement acté 4 et 3 baisses de taux, après un exercice 2023 qui, pour rappel, avait vu les deux institutions procéder à un resserrement monétaire en vue de contrôler l’inflation. Le taux directeur de la FED est à ce jour de 4,50% tandis que celui de la BCE est à 3,15%. L’interrogation reste toutefois entière quant à la poursuite de cette détente monétaire car si l’emploi aux Etats-Unis ne semble plus être un sujet pour Jerome Powell, la FED reste vigilante sur les chiffres d’inflation. En effet, même si le défi de l’inflation semble justement avoir été relevé au regard de sa réduction importante en 2023 et 2024, ce succès reste à confirmer en raison de la stagnation de cette baisse depuis quelques mois. Du côté de l’Europe, nous constatons moins d’incertitudes à ce jour de la part de Christine Lagarde qui continue d’envisager, à un rythme moins soutenu certes, une baisse des taux en 2025. Si l’exercice 2024 s’achève donc sur une note positive sur ce sujet et sur celui de la croissance qui s’avère globalement résiliente, il est important de souligner que ce sont surtout les Etats-Unis qui portent cette tendance, là où l’Europe et la Chine déçoivent. En effet, outre Atlantique, les indicateurs économiques se montrent solides, notamment avec un PIB porté par une consommation des ménages importante, des indices PMI sur les services bien au-dessus de 50 et un taux de chômage toujours contenu. En Europe, à l’inverse, les chiffres témoignent d’une certaine morosité avec des indicateurs d’activité décevants, une consommation en berne, et une faible croissance, plus portée par les exportations que par la demande intérieure. En Chine, le constat est similaire même si les raisons diffèrent : le secteur immobilier reste très fragile et la confiance des ménages peine sérieusement à remonter depuis la période Covid.
… et de bouleversement politique
Du côté politique, l’année 2024 aura été le théâtre de nombreuses échéances électorales. L’évènement majeur fut bien entendu l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, à l’issue d’une campagne contre Kamala Harris, qui aura déchaîné les foules. Alors que nous pensions que le combat serait serré, Donald Trump l’a finalement emporté avec une franche majorité. Un résultat qui a « rassuré » les marchés à court terme mais qui ouvre de nombreuses interrogations pour 2025 : implication des Etats-Unis dans les conflits géopolitiques en Ukraine et au Moyen-Orient, guerre commerciale avec la Chine et l’Europe, durcissement de sa politique d’immigration, dérégulation de certains secteurs, …
En France, le paysage politique est aujourd’hui plus que troublé après la dissolution de l’Assemblée nationale l’été dernier par Emmanuel Macron, suite aux résultats des élections européennes. Les difficultés rencontrées par la suite pour constituer un gouvernement n’ont pas aidé à la stabilité et la France se retrouve aujourd’hui en manque cruel de visibilité pour l’exercice 2025. Toujours en Europe, notons que nous assisterons aux élections législatives en Allemagne fin février 2025. Un évènement qui pourrait quelque peu changer la donne pour le Vieux Continent.
Des performances boursières globalement positives
Dans ce contexte, sur le plan boursier, l’année 2024 a été très volatile pour les actions : après avoir démarré sur les chapeaux de roues au premier trimestre avec des indices battant jour après jour des records de plus haut, le second trimestre fut celui de la consolidation. C’est ensuite en été que les plus fortes corrections ont eu lieu (en Europe et en France puis aux Etats-Unis en raison d’une mini crise sur le Dollar/Yen en août), en dépit d’une perspective de baisse de taux. Au final, nous retrouvons un bilan très positif pour le marché actions américain avec une performance exceptionnelle des valeurs technologiques notamment (+23,3% pour le S&P / + 28,6% pour le Nasdaq), plutôt positif pour le marché chinois qui a bénéficié d’une attractivité de valorisation et de quelques mesures de relance gouvernementales pendant l’année (+12,7% pour le Shanghai SE / +5,1% pour le MSCI Emerging), et mitigé pour l’Europe où les évolutions divergent selon les pays. Notons malheureusement une performance négative pour la France (+8,3% pour l’Eurostoxx50 / +18,8% pour le DAX30 / -2,2% pour le CAC40 NR). Quant aux perspectives pour 2025, le consensus s’attend clairement encore une fois à une forte volatilité et penche en faveur des actions US, se basant sur des attentes de croissance de bénéfices élevées. L’exercice 2025 devrait quoi qu’il en soit s’inscrire dans la continuité de 2024 où l’essentiel des bons et moins bons résultats sont désormais connus des investisseurs et valorisés dans les cours.
Sur les marchés obligataires, même si cela s’est fait attendre, l’année 2024 est placée sous le signe de la repentification de la courbe des taux, à la fois par une baisse des taux courts mais aussi par une hausse des taux longs. Conséquence de ces mouvements sur les taux, et de la surperformance de l’économie US sur celle de la zone Euro, le dollar s’est fortement raffermi face à l’Euro, surtout après l’élection de D.Trump en novembre. Enfin, du côté des matières premières, les cours du pétrole ont beaucoup fluctué en 2024. Ils ont été très soutenus et se sont envolés au premier trimestre de l’année 2024, sur anticipation de forte demande, conflit au Moyen-Orient etc.., puis ont commencé leur phase de baisse, avec moins de crainte sur l’escalade du conflit au Moyen-Orient, notamment entre Israël et l’Iran, puis sur anticipations de baisse de la demande, et enfin sur les perspectives de baisse des prix liées aux anticipations du futur programme de D.Trump qui devrait être baissier pour les cours du pétrole.
Nos orientations stratégiques de gestion pour 2025
Dans cet environnement, nous ne nous aventurons aucunement à faire des prévisions et encore moins des prédictions pour 2025. En revanche, et selon les profils de gestion, nous nous attachons à opérer (et recommander) une diversification importante dans les allocations avec toutefois quelques convictions stratégiques telles qu’une surpondération des actions américaines par rapport à l’Europe sans pour autant délaisser totalement la zone à moyen terme qui bénéficie dorénavant d’une attractivité liée aux prix notamment. Quelques positions opportunistes sur des valeurs émergentes et de petites/moyennes capitalisations nous semblent également intéressantes. En obligations, nous restons vigilants sur les taux longs et privilégions l’investissement en fonds flexibles, capables de faire varier activement leur duration, leur sensibilité et profiter du portage. La présence d’obligations nordiques, à taux variables, est également pertinente. Enfin, nous continuons de recommander l’usage de fonds de performance absolue, capables d’évoluer indépendamment des tendances des grands indices de marché.
Article rédigé par SAPIENTA GESTION.